Apple annonce ses premiers Mac ARM utilisant sa puce M1

Le constructeur de Cupertino avait annoncé à la WWDC en juin dernier qu’ils se lançaient dans une période de transition de 2 ans passant des processeurs Intel à des processeurs maison. Une telle annonce avait de quoi surprendre même si des rumeurs l’évoquaient depuis quelques années. La transition est donc lancée puisque Apple lance ses premiers Mac utilisant leur tout nouveau processeur M1.

Basé sur l’architecture ARM que vous connaissez tous indirectement puisqu’équipant la très grande majorité des smartphones et des tablettes, la nouvelle puce M1 d’Apple est tout simplement une variante boostée de leur série de puces AX qu’on trouve sur les iPhones et les iPads. Contrairement à ce qu’on a habituellement sur nos ordinateurs portables ou de bureau que ce soient des Mac comme des PC, la puce M1 n’est pas juste un CPU avec quelques fonctionnalités. Il s’agit d’un SoC (System on a chip) regroupant un CPU, un GPU et divers autres processeurs dédiés à des tâches spécifiques. Dans le cas du M1, Apple a intégré un CPU 8 cores (4 cores hautes performances et 4 cores haute efficacité énergétique), un GPU 8 cores et un Neural Engin 16 cores (pour le machine learning notamment). En soi, cela doit rappeler à certains ce qu’on retrouve sur les iPhones et iPads récents. Mais ce M1 a été pensé pour répondre à un usage sur une machine de bureau et sur des ordinateurs portables. Le M1 intègre ainsi bien d’autres éléments pour accélérer des fonctions désormais importantes dans la vie numérique. On peut noter la présence d’un processeur pour gérer les images et les vidéos, une enclave pour la sécurité, un contrôleur pour gérer les stockages dont un SSD ultra-rapide intégré, des moteurs d’encodage/décodage vidéo ou encore un contrôleur Thunderbolt 4 compatible USB4.

Apple a mis en exergue la faible consommation électrique pour des autonomies impressionnantes jusqu’à 17 heures en navigation web et 20 heure en lecture vidéo. C’est du jamais vu sur des ordinateurs portables dépassant même les autonomies des tablettes. Evidemment, comme d’habitude, cette autonomie fluctue en fonction de vos usages. Vous vous doutez bien que si vous lancez des rendus graphiques, de la compression vidéo et autres applications demandant énormément de puissance de calcul, vous n’atteindrez jamais les 20 heures 🙂 Mais si en moyenne, on peut tenir une journée complète de travail voire plus, c’est déjà exceptionnel.

Sur le papier, cette puce M1 et sa conception très intégrée serait donc une puce surpuissante tout en consommant moins que les équivalents Intel qu’on trouve actuellement sur différents Mac. Evidemment, d’un point de vue marketing et communication, ça fait toujours bien d’annoncer des chiffres flamboyants mais il faudra juger en production pour voir si la puce M1 va vraiment changer la vie de ceux qui travaillent avec. Et pour cela, Apple va sortir 3 machines embarquant cette puce M1.

Pour débuter cette transition, Apple a décidé de commencer par l’entrée de gamme et ses machines les plus vendues à savoir le Macbook Air, le Mac Mini et le Macbook Pro 13 pouces. Tous trois vont vonc voir débarquer dès ce mois-ci une version embarquant la puce M1. Il semble toutefois y avoir quelques différences pas vraiment précisées par Apple. Ainsi, l’entrée de gamme du Macbook Air M1 aurait qu’un GPU 7cores contre 8 sur le modèle au-dessus (et sur le Mac Mini et le Macbook Pro 13).

Visuellement, les trois machines ressemblent à leurs prédécesseurs à base de CPU/GPU Intel. Le Macbook Air garde son format ultra-fin et cette fois-ci, grâce au M1, Apple n’a pas eu besoin d’intégrer un ventilateur pour refroidir la machine. Le Mac Mini et le Macbook Pro 13 conservent également leur précédent design mais avec donc un intérieur revu et finalement plus simple. Ces deux modèles ont toutefois un système de refroidissement laissant à penser que leur M1 doit tourner à une plus haute fréquence. En regardant bien la vidéo, le Mac Mini M1 semble très vide par rapport à son prédécesseur – j’en parle en connaissance de cause pour l’avoir démonté – Apple ayant condensé nombre d’éléments dans le M1 rendant la carte mère bien plus « simple ».

Côté stockage, les 3 modèles possèdent un SSD configurable de 256Go à 2To. Apple annonce des vitesses deux fois plus rapides que les précédents SSD. Apple a donc opté pour les SSD de dernière génération (à l’instar de ce qu’on trouve sur la PS5 et bientôt sur PC). Autant dire que de telles vitesses vont ravir les utilisateurs manipulant de gros fichiers.

La mémoire dans ces trois machines est soudée à la carte mère. Pas moyen donc d’ajouter de la RAM grâce à des barrettes mémoire. Par défaut, ces machines sont proposées avec 8Go. Il est possible de commander des versions avec 16Go. Si cela suffira à la majorité des utilisateurs, cela peut sembler un peu léger pour certains d’autant plus que c’est de la mémoire unifiée c’est-à-dire partagée entre CPU et GPU. Il faut espérer que la gestion mémoire est bien optimisée dans ce nouveau cas de figure. Compte tenu de ce qu’on connaît sur les iPhones et iPads, on peut garder bon espoir. Sans doute qu’Apple réserve les plus grandes capacités de mémoire aux futurs modèles plus haut de gamme ciblant les professionnels.

Les deux portables présentent tous deux un écran dalle IPS 13,3″ d’une résolution de 2560 x 1600 avec une large gamme de couleurs. Une petite différence toutefois. L’écran du Macbook Pro 13 présente une luminance plus importante, 500 nits contre 400 nits sur le Macbook Air. La différence se fait aussi notamment sur la qualité des enceintes et des micros embarqués. Les deux claviers sont identiques à l’exception de la présence de la Touch Bar véritable écran tactile sur le Macbook Pro 13. Tous deux possèdent le TouchID pour déverrouiller l’ordinateur avec votre empreinte digitale. Dommage qu’Apple n’ait pas intégré FaceID connu par certains utilisateurs d’iPhone et d’iPad. A noter d’ailleurs qu’Apple n’a toujours pas amélioré la résolution de la webcam restant toujours en 720p. Ils comptent sur le processeur de traitement d’image et les cores du Neural Engine pour améliorer l’image. Mais franchement, on a des caméras 4K 60 images/seconde sur les iPhones. Apple pourrait mettre la même chose, bon sang !

Outre les SSD nouvelle génération, Apple semble avoir voulu prendre les devants sur les formats d’entrées/sorties. Ainsi, les deux portables possèdent deux ports Thunderbolt 4/USB4. Ce sont les premières machines Apple à les intégrer et même dans le monde PC, cela ne court pas les rues. Le Mac Mini intègre en plus deux ports USB-A USB 3.1 Gen 2 (10Gbps donc) ainsi qu’un port HDMI 2.0, un port GigaEthernet et un port casque audio. Ce dernier est également intégré sur les deux portables. Pour la connectivité sans fil, là encore Apple a opté pour les normes les plus récentes à savoir le WiFi 6 et le Bluetooth 5.0.

Les performances annoncées sur les trois modèles ont de quoi laisser songeur – et pour certains perplexes. L’ordre de grandeur du gain de puissance est colossal ce qui me laisse à penser qu’il faudra vraiment vérifier de visu en situation réelle. Pour sûr nombre de youtubers – et votre serviteur sans doute – feront des benchmarks. Si beaucoup le feront avec des logiciels de benchmarking, je préfère le test dans un contexte de travail.

Les trois modèles seront livrés avec le tout dernier MacOS à savoir MacOs Big Sur qui sera disponible dès ce jeudi en téléchargement pour les Macs éligibles. J’en profite pour vous rappeler que l’originalité de ces premières machines à base de M1 est leur compatibilité avec la quasi-intégralité de l’AppStore. En effet, avec le nouvel OS et cette puce M1, les futurs possesseurs des machines à base de puces Apple pourront tout simplement télécharger les applications iOS/iPadOS et les utiliser sur leur Mac. Autant vous dire que dès le premier jour, ce sont des centaines de milliers d’applications et de jeux qui sont accessibles.

Pour résumer, ces trois modèles sont, sur le papier, très séduisants avec des prix relativement attractifs (pour de l’Apple j’entends). Les trois modèles avec 8Go de RAM et un SSD de 256Go démarrent à 799€ pour le Mac Mini, 1129€ pour le Macbook Air et 1449€ pour le Macbook Pro 13. Apple a donc maintenu à peu près le prix par rapport aux anciens modèles mais avec un gain de performance important.

Avec ces trois premières machines, Apple débute ses deux années de transition de machines à base d’Intel à des machines avec ses propres puces. Le pari est risqué mais s’il y a bien une compagnie capable de le faire, c’est bien Apple. Il l’ont déjà fait deux fois par le passé, passant de processeurs Motorola à des processeurs IBM PowerPC puis aux processeurs Intel. Ce passage à des puces maison sera le troisième. On verra dans les prochaines semaines et mois si le pari est gagné.