El Shaddai Ascension of the Metatron – Crise de foi

Ne nous attardons pas sur le curriculum vitae des créateurs de El Shaddai . Disons qu’ils ont œuvré auparavant chez Capcom puis Clover Studio pour le compte de l’éditeur d’Oskaka sur des jeux comme Godhand, Okami et même encore Viewtiful Joe. Des pépites parues à l’époque sur GameCube et PS2.  Regroupé sous la bannière d’Ignition Tokyo, les vétérans de chez Clover n’ont eu le temps que de livrer les déclinaisons PS3 et Xbox 360de El Shaddai avant d’être entraîné en 2012 dans la chute de l’éditeur. Il faut croire que cette année-là n’avait pas été très favorable au monde de l’édition (RIP Yellow Media). Plutôt que de laisser son titre sombrer dans les limbes de l’oubli, le concepteur, Takeyasu Sawaki, a racheté les droits et livre aujourd’hui par l’intermédiaire du studio CRIM un portage PC que l’on a testé via Steam. Rien de surprenant à première vue… attendez d’aborder le pavé technique !

El Shaddai Ascension of the Metatron invite à suivre les aventures de Enoch. Un être divin dont la mission consiste à mettre fin aux agissements de sept anges déchus. Vu qu’il bosse en binôme avec Lucifer on peut douter – un peu – des intentions louables de ce dernier. Le jeu se présente sous la forme d’un jeu d’action linéaire à la troisième personne qui alterne phases de plateforme (en 2D/3D) et séquences de baston façon Beat Them Up. Un mélange des genres comme on en a dégusté en 2009 (soit deux ans avant) avec Bayonetta. Il s’agit de calmer les ardeurs des anges renégats et de leurs suppôts en employant trois armes (arc équivalent à une épée, gants-boucliers, drones laser) lors de confrontations virevoltantes face à trois types d’ennemis… de base. Si vous cherchiez de la variété côté armes et bestiaire passez votre chemin pauvre fou !  Avec sa caméra désespérément fixe, pas toujours pratique lors des phases de castagne, et une maniabilité manquant en sus de précision durant les séquences de plateforme en3D, le titre exaspère par l’impossibilité de pouvoir cibler les ennemis ou esquiver les attaques ! Si l’on trouve parfois un certain charme a cette épopée ésotérique à travers des univers hallucinés ou les impressionnantes invocations destructrices du héros, on déplore aussi une certaine redondance dans ses combats comme un manque de rythme. Cela a vite fait de décourager les moins dévots à pousser jusqu’au bout des onze chapitres. On crève aussi souvent et au lieu d’infliger un Game Over au premier trépas, le titre oblige à marteler des boutons du pad pour ramener Enoch à la vie, tout frais et harnaché dans une armure étincelante. Trompe la mort, certes, mais pas immortel pour autant le nombre de résurrections de notre angelot castagneur semble limité à 3 ou 4 tentatives par essai : Gare !

Vous l’avez sans doute compris, le malheur de El Shaddai est d’être sorti bien après un Bayonetta qui le surclassait déjà en 2011 par bien des aspects. Dix ans plus tard, sur PC, après des jeux de la trempe de DMC V ou Nier Automata, le tableau est encore moins reluisant. Indice, à l’heure de DirecX12 le jeu oblige à la réinstallation de DirectX9. Carrément ! Dire qu’il est graphiquement suranné est un euphémisme. Même son rendu cell-shadé peine à aguicher nos mirettes, tant les modélisations des boss, des ennemis et des PNJ sont à l’image des textures et des environnements : simplistes. Quel gâchis ! En plus de nous obliger à installer une mouture de DirectX hors d’âge, le jeu ne s’est pas montré d’une stabilité exemplaire et a infligé des temps de chargements assez longs sur une config récente pourtant équipée d’un SSD. Une adaptation PC qui semble avoir été hélas portée au marteau et au burin ! En dehors de ses sous-titres et menus en français, ses doublages en japonais et sa jolie bande-son il est vraiment difficile de trouver des qualités propres à cette adaptation PC. Du 1080P à 60 images par secondes ? C’est déjà ça !

Dix ans de retard, des graphismes et mécaniques dépassées, on était en droit d’espérer un remake voire un portage HD de El Shaddai. Vendu à moins de 20€ sur Steam les amateurs de jeux d’action/plateforme et d’aventures ésotériques peuvent tenter le coup.