Microsoft Flight Simulator – La folie des grandeurs

BLOC INFO
Date de sortie
27 juillet 2021
Editeur
Xbox Game Studios
Développeur
Asobo Studio
Genre
Simulation
Machines
XSX, PC
PEGI
3

Au terme d’une longue année d’attente débarque enfin la version Xbox de la simulation aérienne de Microsoft recuisinée à la bordelaise par le studio Asobo. Attachez vos ceintures embarquement immédiat vers le septième ciel !

Pour l’occasion, on vous ressert le test de la version PC parue l’an dernier. Bel exploit de la part du studio français qui a réussi à adapter la célèbre simulation aérienne aux nouvelles consoles de salon de la firme de Seattle. À l’annonce de cette conversion je dois bien admettre avoir été un chouia sceptique. Malgré les 12 teraflops de puissance brute de la console, je m’attendais plutôt à une adaptation de portions du jeu prédéfinies comme des défis d’atterrissage ou vols de brousse. En revanche jamais je n’aurais imaginé pouvoir jouer un jour à un Flight Sim pur jus sur une bécane de salon. J’imagine que l’emploi de composants (CPU Ryzen + GPU RDNA2 AMD) musclés, proches de ceux employés dans le monde PC combiné à une bonne dose de talent et de temps ont dû permettre cet exploit. Exécuté avec Maestria ?

Quatorze ans. C’est le temps qui s’est écoulé depuis la sortie de l’extension “Accélération” pour Flight Simulator X, que j’avais testé fin 2007 dans les colonnes d’un vénérable magazine dédié aux JEUX PC. As-tu saisi le clin d’œil empreint de nostalgie ancien fidèle lecteur ? Si la franchise Flight Sim était tombée un peu dans l’oubli suite à la fermeture de ACES Studio (développeur des derniers volets), elle avait pourtant tenté un come-back en début d’année 2012 avec le spin-off Microsoft Flight. Sans succès. La faute à une aire de jeu limitée à Hawaï, à un succès critique qui n’a pas été au rendez-vous et à un développement interrompu à peine six mois après le lancement. Pour la petite histoire, l’équipe en charge de ce naufrage industriel œuvre désormais sous la bannière du studio The Coallition au développement des derniers volets de Gears of War. Avouez qu’il s’agît là d’un changement de registre pour le moins radical ! Aux commandes de ce nouveau chapitre de Flight Simulator, on retrouve les bordelais de chez Asobo. Un studio fondé par d’anciens de Kalisto Entertainement et qui s’est fait connaître en réalisant les adaptations des films Disney (Ratatouille, Wall-E, Toy Story 3…), l’excellent jeu de course Fuel et plus récemment le sympathique A Plague Tale : Innocence. Si cette cuvée 2020 de FlightSim semble s’être inspiré davantage de l’opus X, elle ne semble pas avoir conservé l’intégralité du prestigieux héritage, hélas !

Dans les grandes lignes Flight Simulator a tout pour plaire. Un vaste monde ouvert “reconstitué” minutieusement, un moteur graphique qui fera pleurer plus d’un joueur (de bonheur ou pas) et une belle collection de zincs. Testé dans sa version de base, celle proposée sur le Xbox Game Pass depuis le 27 juillet, le titre met à disposition une vingtaine d’avions dont deux de ligne (A320 Neo et 747). Il offre aussi en sus des zincs de tourisme, de voltige, de l’hydravion ou du jet. Bref le genre de “coucous”, parfois un brin exotique, qu’on a toujours à piloter pour sillonner les contrées les plus reculés du globe. Et quant aux hélicos ? Eh bien ces engins n’ont toujours pas été implémentés. Voilà que l’on perd déjà les passionnés d’hélicos ! Pour ceux qui veulent en faire l’achat à l’issue de ce test, notez que sur Xbox le jeu est proposé à la vente en physique en version de base. Les extensions Deluxe et Premium enrichies en zincs et aéroports sont à obtenir sur le store en ligne du jeu. Profitant du contenu de la version PC il propose des améliorations visuelles  gratuites (packs de textures pour les environnements) ou mignardises payantes tels de nouveaux zincs comme un Spitfire vendu à prix d’or : 29€ ! Pas donné le vieux coucou !


À l’instar de ses glorieux ancêtres, le titre permet de se concocter un vol aux petits oignons en sélectionnant un aéroport de départ et un autre d’arrivée, et en choisissant son zinc. On peut altérer au passage les conditions du vol en modifiant la météo ou le moment de la journée. Rassurez-vous ils est aussi possible de les modifier en plein vol afin de pimenter la partie ou de profiter de meilleures conditions d’éclairage. PNC aux portes, armement des toboggans et on décolle ! Ceux qui n’ont jamais touché à l’un des précédents volets de la série ou qui n’ont jamais approché une simulation aérienne peuvent souffler un bon coup ! Le titre se veut très accessible. En sus d’inculquer les rudiments du pilotage à travers une série de leçons aux commandes d’un Cessna ou d’un Jumbo Jet, le jeu peut aussi épauler le joueur tout au long d’un vol. En effet, il dispense des conseils par le biais de fenêtres pop-up et d’indicateurs visuels et sonores (stressants par contre), ainsi qu’une batterie d’aides aux pilotages parfois assez bienvenues. Quoi de plus frustrant après plusieurs minutes ou heures de vol, que de voir notre aéronef se crasher après une bête sortie de piste lors de l’atterrissage ou de voir le vol interrompu après une tentative de voltige un peu osée pour tromper l’ennui ? Moins élitiste ne veut pas forcément dire moins réaliste. Heureusement, le jeu permet de consigner sa progression durant le vol. Alors après le décollage, on maintient le cap, on conserve l’altitude et la vitesse de croisière en activant le pilote automatique de l’A320 et on se laisse bercer par le doux ronronnement des réacteurs en regardant le paysages défiler à 20.000 pieds dans les airs. impatient d’arriver à bon port ? Le jeu permet toujours d’accélérer ou ralentir la simulation par la pression simultanée de deux touches. Sympathique ! Mais, de base, cette fonctionnalité n’est même pas configuré pour les manettes. Va falloir mettre les mains dans le cambouis du menu des options !


Qu’en est-il des pilotes les plus expérimentés ? Des as du manches à balais ? Vont t’ils ronger leur train d’atterrissage ? Pas vraiment ! Si l’on a évoqué l’accessibilité du titre par une batterie d’aides au pilotage, notez qu’il est aussi possible au contraire, de pimenter l’expérience en imposant davantage de contraintes : telle la nécessité de composer avec des avaries en cours de vol, une réserve de kérosène limitée, de bichonner impérativement son pilotage… sous peine de subir un Game Over immédiat sans davantage d’explications. Plus réaliste mais un brin agaçant ! En plus des sessions de pilotage personnalisées, le titre propose au joueur/pilote de mettre ses talents à l’épreuve en accomplissant des défis. Dans ce mode, toutes les aides et indicateurs visuels sont désactivés et on peut éprouver des difficultés à faire atterrir proprement un 747 sur la piste pas bien large de l’aéroport JFK de New York ou sur le tarmac venteux de Gibraltar. Des défis qui nécessitent de survivre à des nombreuses contraintes (climatiques…) mais qui ne s’avèrent pas aussi mémorables que l’appontage d’un Cessna sur un porte-avion dans l’une des précédentes éditions de FlightSim. L’autre type de défi s’intitule quant à lui “Voyages en Avion de Brousse”. Comme son nom l’indique, il s’agit d’exercices imposés dans lesquels on prend les commandes d’un petit zinc à l’occasion d’un périple qui se déroule par exemple entre la côte Croate et Santorin en Grèce. Des missions destinées avant tout aux pilotes les plus chevronnés ou à ceux qui auront cumulés suffisamment d’heures de vol.


Avant d’aborder la partie technique, un mot sur l’interface. Par défaut, on retrouve à l’écran la plupart des outils indispensables aux pilotes : un compas, un altimètre, un indicateur de poussée, une jauge de vitesse et de carburant, le réglage des volets et de la gouverne. En toute franchise il ne manque qu’un indicateur d’horizon artificiel pour faciliter les atterrissages en vue extérieure. Un simple coup d’oeil aux captures d’écran devrait vous convaincre que l’interface est suffisamment minimaliste pour apprécier les panoramas tout en gardant un œil sur les instruments. Ainsi toujours par défaut le jeu propose deux perspectives : externe à la troisième personne ou interne dans le cockpit. Grâce à la manette Xbox One –pardonnez ce crime de lèse-majesté – on pilote le zinc par le biais du stick gauche, le droit sert quant à lui à changer l’angle de caméra en cours de vol. Notez que la croix directionnelle du pad sert à contrôler sur Xbox les volets, sortir et rentrer le train d’atterrissage ou activer le frein de parking. Quant aux gâchettes elles servent à diriger l’avion sur le tarmac et en vol à jouer sur la gouverne de direction. Histoire de ne pas encombrer l’écran ce Flight Sim permet d’accéder à un dock très astucieusement dissimulé. Il foisonne de fonctionnalités assez pratiques comme contacter la tour de contrôle, afficher le GPS,  changer les conditions météo et heures de vol notamment. Afin d’interagir avec les différents instruments du cockpit (pilote automatique, réglage altitude et cap, désactivation des avertissements sonores…) il suffit de presser le stick gauche et d’employer un pseudo pointeur de souris. On a fait difficilement plus intuitif mais aussi immersif tant les cockpits sont époustouflants de réalisme !


Cette mouture Xbox de la cuvée 2020 de Flight Simulator est visuellement stupéfiante tant elle tutoie « les cimes de la perfection »… pardon la version PC ! Les zincs bénéficient de modélisations aussi soignées tout comme les cockpits dont on parlait précédemment. Les environnements n’ont pas été négligés. Et les agglomérations que l’on est amené à survoler affichent parfois une quantité ahurissante de bâtiments en 3D, au sol des véhicules -un brin moches – circulent dans les rues et dans les cieux on trouve des nuages de toute beauté et différents effets (climatiques, éclairage…) assez saisissants. En vérité on ne peut qu’être époustouflé par la quantité ahurissante de polygones, d’animations ou objets présents à chaque instant à l’écran. Certes, tous les édifices n’ont pas été parfaitement modélisés où sont flanqués de textures vues de près assez « cracra » mais  qu’importe : on se réjouit de survoler des agglomérations assez vivantes et réalistes. Quant aux environnements naturels, notamment montagneux ou vallonnés, ils donnent envie de pousser la manette des gaz et de pratiquer le rase motte. Dans le cas où vous êtes aux commandes d’un Jumbo Jet refreinez donc cette envie un peu insensée et gardez le cap que diable ! Bref, cette version de Xbox de Flight Sim n’a pas grand-chose à envier à la mouture PC même si – j’ai trouvé – que certaines textures étaient moins fines. Comme la grande soeur le titre inflige aussi des ralentissements/microfreezes dans les zones les plus chargées ou à l’approche d’un aéroport et autre défaut irritant hérité de la version PC, ce Flight Sim version console oblige à se manger un écran de chargement assez longuet à chaque début de partie et d’autres – heureusement plus courts – avant chaque vol ou crash.


Notez aussi qu’une connexion internet rapide est indispensable –en fibre optique – pour y jouer avec le niveau de détails le plus élevé. Le titre peut ainsi employer les données cartographiques/satellites de Bing (un moteur de recherche concurrent de Google) pour afficher des environnements au sol plus détaillés et plus réalistes. La connexion est également mise à contribution pour permettre “le jeu en ligne” et tailler le bout de gras entre pilotes (même si il ne me semble pas avoir croisé de joueur durant les quelques heures de vol) et calquer la météo et l’heure sur celle de la région survolée. Enfin prévoyez plus de 100Go d’espace disque pour installer le jeu dans sa version de base avec quelques packs de textures supplémentaires. Du côté des musiques, en dehors de l’écran de démarrage, c’est un peu le désert de Gobi. Ainsi on doit se contenter des effets sonores qui sont bigrement réalistes, du bla-bla de la tour de contrôle et comme précisé plus en amont, les alertes sonores sont assez agaçantes dès lors que l’on est en excès de vitesse et à une altitude inadéquate. Par défaut, en sus de l’alerte sonore, la manette se met aussi vibrer intensément pour nous faire ressentir le dépassement de la vitesse autorisée. Dans ces conditions, difficile de pratiquer sereinement le rase-motte au-dessus des rues de la capitale alors que le framerate n’est déjà pas à la fête ! En sus, le jeu se paie aussi le luxe de manquer de stabilité. Ainsi même sur Xbox Séries X le titre a infligé quelques crashs et retours à l’interface de la console !  Signe que même sur Xbox, la peinture sur la carlingue de cette cuvée 2020 de Microsoft Flight Simulator semble être encore bien trop fraîche !

Microsoft Flight Simulator – La folie des grandeurs
CONCLUSION
Avec l’arrivée de Flight Sim sur Xbox Séries X l'un des derniers bastion de la simulation PC vient de tomber !  L’expérience s’avère aussi jouable, belle et agréable que sur sur les bécanes qui carburent au Windows. Du très beau boulot Asobo !  
Les plus
Enfin un vrai Flight Sim sur console !
Sur Xbox Séries X le rendu est vraiment soigné, pas parfait, mais vraiment splendide !
Accessible et/ou destiné aux pilotes : au choix
Les moins
Quelques ralentissements assez violents dans les zones les plus detaillées
N’est pas d’une stabilité sans faille
Connexion internet rapide de rigueur
8.5