Microsoft Flight Simulator – Le monde ne suffit pas !

BLOC INFO
Date de sortie
18 août 2020
Editeur
Xbox Game Studios
Développeur
Asobo Studio
Genre
Simulation
Machines
PC

Vous sentez-vous l’âme d’un voltigeur chevronné ou celle moins mouvementée d’un pilote du dimanche ? La cuvée 2020 de FlightSim vous laisse le choix pour un embarquement immédiat vers le septième ciel : tirez-bien sur le manche !

Douze ans. C’est le temps qui s’est écoulé depuis la sortie de l’extension “Accélération” pour Flight Simulator X, que j’avais testé fin 2007 dans les colonnes d’un vénérable magazine dédié aux JEUX PC. Vous avez saisi la subtilité ? Nostalgie ! Si la franchise était tombée un peu dans l’oubli suite à la fermeture de ACES Studio (développeur des derniers volets), elle avait tenté pourtant un come-back en début d’année 2012 avec le spin-off Microsoft Flight. Sans succès. La faute à une aire de jeu limitée à Hawaï, à un succès critique qui n’a pas été au rendez-vous et à un développement interrompu à peine six mois après le lancement. Pour la petite histoire, l’équipe en charge de ce naufrage industriel œuvre désormais sous la bannière du studio The Coallition au développement des derniers volets de Gears of War. Avouez qu’il s’agît là d’un changement de registre pour le moins radical ! Aux commandes de ce nouveau chapitre de Flight Simulator, on retrouve les bordelais de chez Asobo. Un studio fondé par d’anciens de Kalisto Entertainement et qui s’est fait connaître en réalisant les adaptations des films Disney (Ratatouille, Wall-E, Toy Story 3…), l’excellent jeu de course Fuel et plus récemment le sympathique A Plague Tale : Innocence. Si cette cuvée 2020 de FlightSim semble s’être inspiré davantage de l’opus X, elle ne semble pas avoir conservé l’intégralité du prestigieux héritage, hélas !

Dans les grandes lignes Flight Simulator a tout pour plaire. Un vaste monde ouvert “reconstitué” minutieusement, un moteur graphique qui fera pleurer plus d’un joueur (de bonheur ou pas) et une belle collection de zincs. Testé dans sa version de base, celle proposée sur le Xbox Game Pass PC, le titre met à disposition une vingtaine d’avions dont deux de ligne (A320 Neo et 747). Il offre aussi en sus des zincs de tourisme, de voltige, de l’hydravion ou du jet. Bref le genre de “coucous”, parfois un brin exotique, qu’on a toujours à piloter pour sillonner les contrées les plus reculés du globe. Et quant aux hélicos ? Eh bien ces engins ne semblent pas avoir été – encore – implémentés. Mais selon Asobo dans un récent tweet, ils le seront, plus tard sans plus de précision. Voilà que l’on perd déjà les passionnés d’hélicos ! Pour les allergiques au dématérialisé, notez que le jeu est proposé à la vente en version de base ou premium. Cette dernière version, la plus luxueuse, offre – pour une cinquantaine d’euros en rab – dix zincs et dix aéroports supplémentaires. À moins d’être un passionné d’aéronautique, le commun des mortels n’a pas forcément besoin de dépenser plus… pour l’instant.

Comme ses glorieux ancêtres, le titre permet de se mitonner un vol aux petits oignons en sélectionnant un aéroport de départ et un autre d’arrivée, et en choisissant son zinc. On peut altérer au passage les conditions du vol en modifiant la météo ou le moment de la journée.  PNC aux portes, armement des toboggans et on décolle ! Ceux qui n’ont jamais touché à l’un des précédents volets de la série ou qui n’ont jamais approché une simulation aérienne peuvent souffler un bon coup ! Le titre se veut très accessible. En sus d’inculquer les rudiments du pilotage à travers une huitaine de leçons aux commandes d’un Cessna, le jeu peut aussi épauler le joueur tout au long d’un vol. En effet, il dispense des conseils par le biais de fenêtres pop-up et d’indicateurs visuels et sonores (stressants par contre), ainsi qu’une flopée d’aides aux pilotages parfois assez bienvenues. Quoi de plus frustrant après plusieurs minutes ou heures de vol, que de voir notre aéronef se crasher après une bête sortie de piste lors de l’atterrissage ou de voir le vol interrompu après une tentative de voltige un peu osée pour tromper l’ennui ? Moins élitiste ne veut pas forcément dire moins réaliste. Heureusement, le jeu permet de consigner sa progression durant le vol. Alors après le décollage, on maintient le cap, on conserve l’altitude et la vitesse de croisière en activant le pilote automatique de l’A320 et on se laisse bercer par le doux ronronnement des réacteurs en regardant le paysages défiler à 20.000 pieds dans les airs. impatient d’arriver à bon port ? Le jeu permet toujours d’accélérer ou ralentir la simulation par la pression simultanée et répétée de 3 touches (CRTL R + ou  CTRL R -). Sympathique !

Qu’en est-il des pilotes les plus expérimentés ? Des as du manches à balais ? Vont t’ils ronger leur train d’atterrissage ? Pas vraiment ! Si l’on a évoqué l’accessibilité du titre par une batterie d’aides au pilotage, notez qu’il est aussi possible au contraire, de pimenter l’expérience en imposant davantage de contraintes : telle la nécessité de composer avec des avaries en cours de vol, une réserve de kérosène limitée, de bichonner impérativement son pilotage… sous peine de subir un Game Over immédiat sans davantage d’explications. Plus réaliste mais un brin agaçant ! En plus des sessions de pilotage personnalisées, le titre propose au joueur/pilote de mettre ses talents à l’épreuve en accomplissant des défis. Dans ce mode, toutes les aides et indicateurs visuels sont désactivés et on peut éprouver des difficultés à faire atterrir proprement un 747 sur la piste pas bien large de l’aéroport JFK de New York ou sur le tarmac venteux de Gibraltar. Des défis qui nécessitent de survivre à des nombreuses contraintes (climatiques…) mais qui ne s’avèrent pas aussi mémorables que l’appontage d’un Cessna sur un porte-avion dans l’une des précédentes éditions de FlightSim. L’autre type de défi s’intitule quant à lui “Voyages en Avion de Brousse”. Comme son nom l’indique, il s’agit de (trois) exercices imposés dans lesquels on prend les commandes d’un petit zinc à l’occasion d’un périple qui se déroule par exemple entre la côte Croate et Santorin en Grèce. Des missions destinées avant tout aux pilotes les plus chevronnés ou à ceux qui auront cumulés suffisamment d’heures de vol.

Avant d’aborder la partie technique, un mot sur l’interface. Par défaut, on retrouve à l’écran la plupart des outils indispensables aux pilotes : un compas, un altimètre, un indicateur de poussée, une jauge de vitesse et de carburant, le réglage des volets et de la gouverne. En toute franchise il ne manque qu’un indicateur d’horizon artificiel pour faciliter les atterrissages en vue extérieure, même s’il semble avoir été fusionné avec l’altimètre. Un simple coup d’oeil aux captures d’écran devrait vous convaincre que l’interface est suffisamment minimaliste pour apprécier les panoramas tout en gardant un œil sur les instruments. Ainsi toujours par défaut le jeu propose deux perspectives : externe à la troisième personne ou interne dans le cockpit. Grâce à la manette Xbox One –pardonnez ce crime de lèse-majesté – on contrôle via le stick gauche l’inclinaison et le roulis du zinc et par le biais du stick droit la caméra. Notez qu’à l’instar du “chapeau chinois” sur un stick (ou HAT Switch pour les puristes), la croix directionnelle du pad sert à donner de rapides coup d’oeil dans une direction. Difficile de se passer de la souris ! Elle sert à accéder un dock très astucieusement dissimulé dans l’écran de jeu  qui foisonne de fonctionnalités assez pratiques comme contacter la tour de contrôle ou afficher le GPS. De plus, le pointeur du mulot  permet d’interagir avec les différents instruments (pilote automatique, règlage altitude et cap, désactivation des avertissements sonores…) dans le cockpit.

Cette cuvée 2020 de Flight Simulator est visuellement très attrayante ! Les zincs ont été modélisés à la perfection tout comme les cockpits dont on parlait précédemment. Les environnements n’ont pas été négligés. Et les agglomérations que l’on est amené à survoler affichent parfois une quantité ahurissante de bâtiments en 3D, au sol des véhicules -un brin moches – circulent dans les rues et dans les cieux on trouve des nuages de toute beauté et différents effets (climatiques, éclairage…) assez saisissants. En vérité on ne peut qu’être époustouflé par la quantité ahurissante de polygones, d’animations ou objets présents à chaque instant à l’écran. Certes, tous les édifices n’ont pas été parfaitement modélisés mais on peut se réjouir de survoler un Paris assez vivant. Quant aux environnements naturels, notamment montagneux ou vallonnés, ils donnent envie de pousser la manette des gaz et de pratiquer le rase motte. Dans le cas où vous êtes aux commandes d’un Jumbo Jet refreinez donc cette envie un peu insensée et gardez le cap que diable !

Bien avant l’avènement de Crysis (ou FarCry son prédécesseur), la série des Flight Simulator était celle qui tirait le plus profit de la montée en puissance des machines de “bureau”. Ce millésime 2020 de la série ne déroge pas à la bonne vieille règle ! Le PC portable (à base de Ryzen 5 et GTX1050) habituellement employé pour mes tests – avec tous les paramètres placés cette fois au minimum – s’est montré incapable de délivrer un framerate jouable dans les environnements urbains. En revanche en pleine nature et en 720P le jeu est fluide. Idem sur l’autre vieux PC à base de Core i5 2500 et GTX1060, le titre est praticable (sans être un modèle de fluidité) au niveau de détail “intermédiaire” au prix de quelques sacrifices comme la désactivation de la tessellation, de l’antialiasing et des fonctions de capture vidéo. Par praticable entendez que la machine délivrait un débit d’image oscillant entre une petite dizaine à une petite quarantaine d’images par seconde suivant la densité des zones… et toujours en 720P. Si ce framerate qui yoyote peut s’avérer handicapant dans un jeu d’action, dans le cas d’une simulation aérienne c’est un chouia moins gênant. Résignez-vous à subir aussi des freezes qui ont le talent de survenir à des moments critiques, comme lors d’un atterrissage. Frustrant ! Le ticket d’entrée pour y jouer sereinement en ultra, en 1080P (seulement) semble se situer du côté d’une GTX1080Ti (ou équivalent de chez AMD) bien pourvu en RAM vidéo combiné à un processeur i7 de septième génération. Bref, si la fluidité est une composante essentielle pour vous, sortez l’artillerie lourde et la Gold ou essayez de baisser la résolution et sacrifiez des détails si vous tenez à économiser vos sous !

Notez aussi qu’une connexion internet rapide est indispensable –en fibre optique – si vous désirez y jouer avec le niveau de détails le plus élevé. Le titre peut ainsi employer les données cartographiques/satellites de Bing (un moteur de recherche concurrent de Google) pour afficher des environnements au sol plus détaillés et plus réalistes. La connexion est également mise à contribution pour permettre “le jeu en ligne” et tailler le bout de gras entre pilotes et calquer la météo et l’heure sur celle de la région survolée. Enfin prévoyez pas loin de 100Go d’espace disque pour installer le jeu dans sa version de base. Un bon gros bébé qui dans sa version boite tient sur pas moins de six DVD. Côté musiques, en dehors de l’écran de démarrage, c’est un peu le désert de Gobi. Ainsi on doit se contenter des effets sonores qui sont bigrement réalistes, du bla-bla de la tour de contrôle et comme précisé plus en amont, les alertes sonores sont assez agaçantes dès lors que l’on est en excès de vitesse et à une altitude inadéquate. Par défaut, en sus de l’alerte sonore, la manette se met aussi vibrer intensément pour nous faire ressentir le dépassement de la vitesse autorisée. Dans ces conditions, difficile de pratiquer sereinement le rase-motte au-dessus des rues de la capitale alors que le framerate n’est déjà pas à la fête ! Non content d’être sacrément gourmand, le jeu se paie aussi le luxe de manquer de stabilité. Ainsi il a infligé quelques crashs qui s’achevaient inévitablement par un retour au bureau Windows. Pire sur le PC Desktop, le jeu n’arrivait pas à télécharger les fichiers d’installation du jeu. Attention, la peinture sur la carlingue de cette cuvée 2020 de Microsoft Flight Simulator semble être encore bien trop fraîche ! 

Microsoft Flight Simulator – Le monde ne suffit pas !
CONCLUSION
Depuis son annonce lors de la conférence de Microsoft de l’E3 de l’an dernier, je guettais impatiemment l’arrivée de ce Flight SIm ! Passage de flambeau réussi pour Asobo, le titre s’avère aussi prenant que ses prédécesseurs... et aussi très gourmand : en voilà un bien vilain défaut !
Les plus
Enfin un vrai Flight Sim
Visuellement c’est splendide... ou moins (selon votre config) !
Accessible et/ou destiné aux pilotes : au choix
Les moins
Bécane surpuissante de rigueur, un frame-rate qui manque de fluidité
Des retours au bureau assez fréquents
Plus de défis, plus de fun n’auraient pas été de refus
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