Test – Jusant – Va voir là-haut si j’y suis !

BLOC INFO
Date de sortie
31 octobre 2023
Editeur
Don't Nod Entertainment
Développeur
Don't Nod Entertainment
Genre
Action, Aventure, Plateforme
Machines
PS5, XSX/S, PC
PEGI
3

Sortez les pitons, les cordes et ajustez votre mousqueton à l’occasion d’un périple en altitude entre terre et mer. La montagne ça vous gagne ?

S’il s’est taillé une belle réputation grâce à la saga Life is Strange et ses titre dérivés, le studio “parisien” Don’t Nod Entertainment (ex Dontnod) continu de plancher sur des jeux originaux. Exit l’Oregon, le Mexique ou d’autres destinations “touristiques”, Jusant invite cette fois à prendre part à un périple en solitaire en terre inconnue. On y incarne une aventurière qui s’est visiblement mise en tête de réaliser l’ascension d’une immense formation rocheuse, semblable à une tour de Babel plantée au milieu d’une étendue aride et désolée. Un paysage cataclysmique qui s’étend à perte de vue. Est-ce que l’herbe est plus verte là haut ? En toute franchise l’idée de me (re)frotter à un jeu d’escalade ne m’enthousiasmait guère, surtout depuis que j’ai été blessé dans ma chair par une certaine Vera Jones en 2008.  

Que les allergiques à la pratique des sports extrêmes et autres pantouflards se rassurent. Jusant n’est pas qu’une simple simulation de grimpette. Le titre lorgne plutôt du côté du jeu de plateforme aventure en 3D à la troisième personne. Lors de ce périple on découvre en filigrane par l’intermédiaire de notes, fresques murales et autres témoignages du passé, le quotidien de civilisations disparues. Ces populations vivaient en flanc de montagne ou dans d’immenses cavités troglodytes, et elles s’étaient établies plus ou moins en altitude en fonction du niveau de la mer. Côté “prise” en main, Jusant tente de jouer la carte de l’immersion… m’enfin vous comprenez. Ainsi on contrôle l’ascension de notre alpiniste en bougeant alternativement ses mains gauche et droite à l’aide des gâchettes de la manette. On peut sauter – ou effectuer un double saut – pour atteindre des prises plus hautes ou situées un peu plus loin de notre position et on sécurise notre avancée en plantant des pitons dans la roche. Sans doute grisé par l’ivresse des sommets, il arrive que l’on jubile à se balancer d’un point à un autre (situé en face ou légèrement en contrebas) avec la grâce d’un Spiderman ou à dévaler une ligne avec une tyrolienne. De trop rares moments jouissifs puisque l’escalade dans Jusant n’est pas toujours une partie de plaisir, mais devient vite répétitive et le titre oblige à composer avec quelques contraintes.

Ainsi pour freiner notre progression, le jeu nous colle une barre d’endurance qui s’épuise graduellement en fonction de nos actions. Heureusement rien n’empêche de planter un piton et de redescendre jusqu’à la “terre ferme” pour reprendre son souffle. Rien ? Exceptée la longueur du cordage. En effet, il n’est pas rare que l’on doive retirer des pitons placés précédemment pour récupérer un peu de mou. Gare ! Les conditions climatiques extrêmes (vent violent, soleil brûlant…) viennent aussi jouer les trublions lors de cette aventure. Le zef peut souffler dans différentes directions et il faut guetter le bon moment (vent de dos) pour continuer à avancer ou effectuer un bond prodigieux. Quant au cagnard, il réduit la barre d’endurance et surtout il flétri en quelques secondes la végétation qu’on utilise pour grimper. Ainsi on ne peut pas compter que sur les biscoteaux de notre avatar ! La magie est aussi de la partie dans cette aventure ascensionnelle.  Elle est matérialisée sous la forme d’une petite bestiole bleue appelée Ballast, qui est lovée la plupart du temps dans le sac à dos de notre perso. Grâce à son chant, elle peut ouvrir de nouvelles voies praticables. Ainsi la bébête fait fleurir des bourgeons ou d’énormes plantes vivaces sur lesquels notre alpiniste peut grimper. Enfin son chant permet aussi d’appeler des sortes de lucioles qui propulsent notre avatar dans les airs vers un point d’accroche situé plus haut.  Pratique ! Notre petit compagnon n’est pas la seule créature à vivre parmi les vestiges de la civilisation, ainsi on croise aussi des petites créatures errantes et sur certaines surfaces on tombe sur des bestioles insectoïdes dont les carapaces minérales offrent des prises de fortune sur les parois les plus raides. Preuve que l’on a toujours besoin d’un plus petit que soit ! Destiné à être pratiqué en solitaire, Jusant offre une aventure plutôt linéaire qui vous tiendra en haleine le temps d’une longue soirée d’hiver, soit une demi-douzaine d’heures. Une durée de vie correcte pour un jeu du GamePass, un chouïa plus frustrant si vous avez mis la main à la poche. Afin de prolonger l’expérience, les plus perfectionnistes peuvent une fois le titre terminé retourner dans des chapitres pour activer des piliers, compléter des amas de pierre (cairns) ou dégoter des fresques murales.

Mine de rien, sous le rendu en 3D cell shading de Jusant, on retrouve l’Unreal Engine 5. Dingue ! Pour le passer sur le grill, nous avons employé la version disponible sur le GamePass – et Michel a joué sur la version PS5. En dehors de quelques rares coups de mou, sans doute dédié au chargement, le jeu peut se vanter de bien tourner sur Xbox Series X ainsi que sur PS5. D’ailleurs le dernier né de chez Don’t Nod n’oblige pas à trancher entre la fluidité de l’animation ou la haute fidélité du rendu. Graphiquement ça ne manque pas de caractère. Le chara design de notre avatar comme celui de son familier sont attachants. Les environnements abandonnés que l’on visite dégagent une certaine mélancolie et sont le reflet de différentes époques passées. Même si l’on aurait aimé avoir des textures un tantinet plus détaillées, une palette de couleurs plus riche, des itinéraires un peu moins balisés et collisions un peu plus souples, en définitive, on passe le plus clair de notre temps le nez scotché aux parois à chercher des prises. Rassurez-vous, les décors (intérieurs et extérieurs) ont été bichonnés, les environnements s’étendent à perte de vue, les surfaces à gravir ne manquent pas de volume et la gestion de l’éclairage est chiadée. Cette jolie fable écologique est également dotée d’une bande son tout aussi soignée, tout en retenue durant l’aventure, il faut attendre le dernier moment pour l’entendre exulter lors d’un final qui nous arracherait presque une larme. En français dans ses textes et menus, la partie sonore est – à l’image de la bande son – minimaliste et se passe de protagonistes bavards. Un peu de silence ne nuit pas !

Test – Jusant – Va voir là-haut si j’y suis !
CONCLUSION
Petite pépite du GamePass qui vaut le détour, son rapport durée de vie/prix risque en revanche de refroidir les ardeurs des grimpeurs les plus frileux qui jouent sur PlayStation ou PC. Une aventure (sens)ascensionnelle très sympathique, mais un tantinet trop répétitive, courte… et dépourvue de replay value.
Les plus
Quelques passages vraiment jubilatoires riches en sensations, en émotion
Un rendu graphique cell shading qui ne manque pas d’allure
De jolies musiques, un peu d’émotion
Les moins
Un rapport durée de vie/prix assez limite
Des collisions qui obligent à rester sur un sentier « balisé »
C’est un tantinet répétitif et pas bien long
7.5